J’ai deux amours, mon pays et Paris…
Lorsqu’on devient parent, en tout cas pour Serge et moi, le concept de transmission prend soudain un autre dimension, il devient réalité, plutôt qu’idée lointaine. Pour Serge surtout je pense, l’idée d’ouvrir les enfants aux autres cultures, à une certaine ouverture d’esprit est devenu pratiquement vital, d’où l’effort que nous faisons pour voyager le plus possible. Etant donné en plus que c’est un plaisir!! Pour moi, ce concept s’est matérialisé par la transmission de ma culture, et l’écriture de Kinlam et les animaux de la forêt en fait évidemment partie.
Lorsque nous avons l’occasion d’allier voyage et culture, c’est le pied, et c’est aussi l’occasion de vous parler de visites jumelles que nous avons effectuées à Paris et à Yaoundé en fin d’année dernière. Lors d’un bref séjour à Paris, j’ai amené les enfants voir l’exposition “les forêts natales” au Quai Branly. Cette exposition de statues traditionnelles et autres chef d’œuvres provenant des forêts du Gabon, de Centrafrique, du Cameroun et du Congo, a permit à Hugo et Noam de faire un peu de géographie, de me poser des questions sur certains rituels traditionnels, de connaître les noms des peuples vivant dans la forêt d’Afrique centrale.
Ce beau moment passé ensemble s’est prolongé lorsque nous sommes allés quelques semaines plus tard à Yaoundé, et que nous avons visité le Musée ethnographique des peuples de la forêt. Ce joyau de culture dont on ne soupçonne l’existence que si l’on cherche vraiment, niché en pleine capitale du Cameroun, est une source de savoir pour qui s’intéresse à l’histoire des peuples bantous. Nous avons été reçu comme des rois par la propriétaire, Dr. Fouda, férue d’histoire et engagée dans la transmission des savoirs ancestraux. La visite du musée fut un instant de découverte et de reconnexion, un moyen pour nous d’en apprendre un peu plus sur la vie, l’art et les croyances des Pygmées, sur l’histoire, les détails de la vie quotidienne et ancestrale des peuples de la forêt. Nous avons aussi appris comment ils se logeaient, comment ils se nourrissaient, coiffaient (les enfants ont été marqués par la coiffure en peau de pangolin) et les signes alphabétiques Béti que ce peuple a utilisé pour marquer son passage en terre Bantou. Les enfants ont appris à lire le calendrier lunaire et à jouer à l’Abbia, jeu de hasard expliqué dans “L’Art et l’artisanat africain”, livre écrit par le père Angelbert Mveng, également à son époque, fervent défenseur et gardien de l’histoire des peuples Bantous.
Bref, la visite de ses deux musées et de ces expositions parallèles m’a permis de montrer aux enfants les richesses d’une culture souvent ignorée par les livres d’histoire, souvent racontée par des témoins et non par ceux qui l’ont expérimentée. J’ai pu ainsi, pour eux et avec eux, partager un peu de moi, et leur faire découvrir un peu d’eux-mêmes.
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